Bébé 3, vers une naissance autonome

« C’est mon fils, ma bataille…»

Ou le récit d’un vécu ancestral dans notre modernité,

la Naissance Libre

A toi, Nicolas
A toi et moi, Pierre
Aux femmes dans leur plus puissante liberté d’être, Anastasia et Augustine avant tout
A ma famille, puisse-t’elle un jour en parler avec fierté

« Le 2 novembre, tu seras libérée »… Tel est le message très net d’un de mes rêves en juin pendant la grossesse. Intriguée par ce doux présage, je laisse passer la journée, curieuse et attentive, de ce 2 novembre 2018. Je réalise quand même qu’il s’agit de la fête des défunts, ombre dans la lumière… J’observe mon corps. Je décide ce soir-là de danser avec mon bébé et les filles. Samba, j’ai viscéralement envie de rythme! Waouh, mon bassin est tellement libre, j’ai un bon équilibre et tellement d’amour à diffuser. Peut-être la dernière danse avec mon gros ventre?! Avec Anastasia on rigole bien car ça nous déclenche à toutes les deux l’envie d’aller aux toilettes! Je suis soulagée car cela faisait un moment que je n’avais pas vidé aussi proprement mes intestins (premier acte témoin du début du travail). Puis je propose que l’on fasse encore une peinture sur mon ventre pour le bébé. C’est magique car il y a suffisamment de pots et de pinceaux pour que les quatre membres de la famille participent. C’est beau, devant le poêle, ensemble. Peut-être la dernière fois à quatre?!! Je me couche en écrivant à Camille, notre ange-gardien, que la prédiction onirique signifiait probablement autre chose car a priori pas de signe de l’arrivée imminente de mon bébé.

Pourtant, cette nuit là… 4h37, première et dernière fois que je regarderai l’heure pour cette journée. Juste au moment de me redresser pour sortir du lit, je suis surprise par la poche des eaux qui se rompt. J’inonde le lit et me voilà en train de sourire. Sans le moindre stress, je dis à bébé et à moi « ça y est, on y est »! L’eau, élément de ma grossesse, de mes rituels pour lâcher-prise (eau de la Bénite Fontaine à la Roche sur Foron)… Comme la rivière qui emmène au loin mes soucis, ou comme la Maman saumon et ses 3 petits (dans un rêve encore) ou encore comme cette photo d’une cascade où se baigne une femme enceinte au sourire enchanté… Curieusement, je délivre une quantité d’eau comme jamais auparavant et qui m’impressionne. Le 2 novembre, cette fameuse date inspirée dans le rêve, bébé et moi nous sommes donc bien « libérés », après une soirée de partage d’amour familial (dernière danse de samba, dessin de peinture en commun sur le ventre pour bébé). C’était la date du grand départ…

Le sourire ne me quitte plus. Je suis hyper excitée intérieurement comme si je connaissais la suite dans son inconnu le plus total. J’ai envie ! Comme quand on s’apprête à faire l’amour… Je me marre car la quantité de liquide qui coule est interminable. Je trouve 2 épais draps de bain et j’attends. Je surprend mes mains qui tremblent comme lorsque c’est à ton tour de parler en public. Je parle d’ailleurs sans cesse à bébé, je lui explique qu’on va se voir très bientôt. Tout est calme. Et si je prévenais Pierre (qui dort plus loin) et Camille (qui a choisi de m’accompagner) ? Un petit message par SMS, qu’aucun des deux ne lira à cette heure matinale…

Envie de mettre en route ce qui va construire ma bulle. De la musique douce – peu forte pour ne surtout pas réveiller les filles -, allumer la bougie « œuf » offerte par Nicolas, s’imprégner du mélange d’huiles essentielles, boire de l’eau, manger comme pour tenir le marathon qui m’attend peut-être, mettre une jolie tenue féminine et pratique (qui permet à la fois de rester dans une certaine pudeur, sans culotte, un retrait rapide en cas de besoin et l’accueil du bébé sur ma peau), installer mon lieu de travail, couper le réseau du téléphone… Souffler pour m’ancrer à nouveau. Sourire encore. Ma chambre est rangée, propre, prête. J’ai même pensé à filmer mon espace la veille. Je suis seule avec bébé et ravie! Pénombre de douceur qui ne me quittera jamais, isolement dans mon tout petit espace grâce à la musique, odeurs rassurantes, chaleur… alors je suis bien, alors je regarde autour de moi et les forces viennent. D’autres femmes m’entourent. Je les sens, elles sont tellement nombreuses, discrètes et puissantes aussi. Elles savent et veillent sur moi. Une ronde de bienveillance, juste au-dessus de bébé et moi. Impressionnant, majestueux, enveloppant ! Je ne suis finalement pas seule.

Premier combat contre la tête : je gagne ! En effet, d’avoir vu l’heure, je me mets à calculer au bout de combien de temps je dois peut-être aller à l’hôpital, par rapport à la perte des eaux… Non !!! Laisse faire ton corps, offre à bébé le temps qu’il faut. Puis j’ai tellement accouché vite pour les filles. Cependant, là, très peu de contractions. Et j’ai très sommeil encore, alors je m’installe en position « flemme » vautrée sur le gros ballon, juste en dessous du drap suspendu pour m’étirer lors des contractions. Je comprendrai plus tard après la naissance que cette « flemme » était simplement pour moi le ressenti tout nouveau du… profond calme !

À chacune des contractions, très espacées, une émotion m’envahit et je dis au bébé qu’on se rapproche encore. Que je l’aide en étirant l’utérus (je me suspends au drap, accroupie). Et des larmes de joie me font fondre lors du relâchement. Pierre me trouve ainsi, 1h30 plus tard. Je lui raconte que tout va bien et que j’attends le jour pour être éventuellement plus active.

Effectivement plus tard, deuxième vague de pensées qui me dictent de bouger. Vraiment, les contractions sont rares et tellement douces. Alors je change d’ambiance musicale, je monte le son et je me laisse envoûter par le rythme. C’est bon… Je danse langoureusement. Oui, il y a alors plus de contractions mais j’ai tellement besoin de repos ! Alors, deuxième victoire du corps sur la pensée, je m’écoute et me calme, disant que bébé n’a sans doute pas besoin de plus. Indulgence. Mâchoires relâchées (je détends). J’avais au préalable écrit des mots encourageants et importants pour moi sur les murs de mon espace, pour mémoire (mantras). A ce moment-là, je mets des chansons d’amour qui me font exulter d’émotions, je pleure de bonheur et me plonge dans ce qui a construit ma vie jusqu’ici. Entre temps, mon mari vient me voir en silence, serein, il m’apporte ce dont j’ai potentiellement besoin (tisanes Framboisier + Ortie PA + Prêle, bananes séchées), il me rend service lorsque je fais un pipi au pot (encore la flemme !) et me dit des mots encourageants lors d’un massage du bas du dos pour faciliter l’arrivée des contractions. Parfait Pierre ! On est vraiment dans une naissance jouissive… Chaque contraction est attendue, désirée et savourée. Je ressens en fait une liberté aussi intense qu’est forte la vague qui m’envahit. Je la sens arriver donc j’ai le temps de l’accueillir. Alors je m’ancre sur mes deux pieds, je me redresse et m’étire en me suspendant accroupie. Ainsi je suis totalement libre de bouger mon bassin, berceau imminent de mon tout-petit. On danse, mon amour ! Je souris autant que j’imagine le réconfort dont tu as besoin. C’est aussi chaque fois l’occasion de me trouver belle, puissante, courageuse. On n’a pas si souvent cette lenteur et ce temps pleinement pour soi… Se faire admirer par son mari. Et savoir aussi que chaque contraction a une fin, donc un apaisement répété, me permet de travailler ma patience, ma tolérance et de lâcher mes démons lorsque le calme apparaît à nouveau. J’attendais tellement ce tourbillon pour avancer dans ma vie. Rien de tel qu’être confronté au plus grand retranchement pour rencontrer ses ressources profondes. Je peux affirmer que je n’ai pas souffert ! J’ai accompagné, accueilli, toléré en toute humilité, espéré, chanté, dansé, aimé. Une naissance en-chantée… Et par rapport à des douleurs de mort que l’on peut sentir dans certains accouchements (je pense à la naissance d’Anastasia à la maternité, malgré une entente de mon projet de naissance physiologique sans péridurale par l’équipe médicale, le trajet + le lieu + les protocoles font que j’ai cru mourir de douleur), j’avais la chance de VIVRE et d’aider notre enfant à venir dans ce monde.

Le temps passe, les filles se lèvent normalement. Camille vient pour s’en occuper, avec sa petite Albane. Elle vient surtout avec de l’amour, des bonnes ondes et des cadeaux mère-veilleux qui changent tout : une bougie, des roses fraîches (tiens, la rose m’a suivie durant toute cette grossesse alors qu’auparavant je n’appréciais pas cette odeur), un collier de grossesse que je reçois plein de lumière… Elle me fait un bisou fraternel qui me transcende, des câlins. Elle chante pour moi. L’odeur de la rose… Et toujours dans ma bulle car l’ambiance n’a pas changé malgré le jour. Pénombre, isolement, chaleur, musique… Camille, elle m’a bercé d’espoir, de joie, de rires, de tendresse, de câlin, d’admiration,  de féminité, de beauté, de courage, de musique, de mantras et couleurs. On s’est rencontré très tardivement (1 mois avant) mais juste au bon moment du chemin. Notre accompagnatrice était honorée de pouvoir nous aider, à tout moment de la naissance, sans jamais que l’on parle d’inquiétude, de risque, de sage-femmerie. Notre Dou(dou)la !

Au bout d’un moment, pas plus de contractions, toujours autant accueillies avec bonheur d’ailleurs, voire excitation. C’était ça de fait pour le travail, l’utérus ne revient pas en arrière. Bébé je t’aime tellement. Alternance entre accroupie, suspendue, recourbée vers l’avant sur le ballon, debout pour danser amoureusement. Chaque goutte de tisane préparée discrètement par Pierre est un élixir pour encore stimuler les contractions et bues en pleine conscience. Je découvre d’ailleurs que de boire autant rempli un peu le sac amniotique d’eau car je perds après chaque tasse (tasse adaptée à la situation, fermée avec une paille). Rigolo de découvrir un peu de mon anatomie.

Que c’est bon d’avoir le temps ! Sourire… Femme, sacrée, puissance… Détendre la mâchoire et les épaules… Ouvrir l’utérus, visualiser le bassin d’accueil. Chaque sensation douloureuse m’invite à m’encourager encore, me trouver belle dans l’inspiration ; puis l’expiration est l’occasion de lâcher ce qui m’empoisonne personnellement depuis trop de temps. S’ouvrir, recevoir, donner, pardonner. Mon mantra de naissance… La musique m’aide à immerger ma conscience et mouvoir mon corps.

Puis ça s’agite dehors. J’augmente la puissance audio mais bof, je ne parviens pas à me soustraire d’une ambiance extérieure pesante. Anastasia craque, elle est impatiente et elle a peur (elle a peur que le bébé ou moi, on meurt car elle sait que c’est possible; elle évacue également ces mois d’angoisse qu’elle a senti régulièrement dans notre famille; bravo ma fille aînée, tu as réussi à exprimer ta peur !). Augustine râle pour un jouet. Albane monopolise Camille. Pierre semble débordé (en vrai, ça n’était pas le cas). Je demande alors d’avoir la paix totale (plus de visite) car je ne perçois plus cette tranquillité de mon corps. Bébé et moi on se gêne, les contractions sont anarchiques. J’avoue perdre le sourire. Je suis alors écoutée et tout se règle sans moi. Camille préfère partir pour cocooner Albane juste après avoir nourri nos filles, Augustine est couchée pour la sieste et Anastasia s’hypnotise devant la télé. Alors Pierre vient et je lui réclame d’aller dans le bain pour soulager la douleur qui cette fois est plus forte que mes chants et mes mots. Bain qui était prêt grâce à Pierre, avec des fleurs pour sublimer les lieux. Romantique !!! Je commence un instant de détente car la crispation est instantanément dénouée. La musique m’a suivie. La bougie-œuf et mon collier de naissance aussi. Je me dis que bébé doit aimer l’apesanteur retrouvée car il a moins d’eau depuis un bon bout de temps maintenant.

Mais très vite, j’ai besoin de Pierre pour m’aider à nouveau à étirer le dos, me positionner pour écarter les jambes, je sens que bébé et moi on se gêne… Je  résiste à la douleur au lieu de l’accepter, aïe ce n’est pas bon pour moi. Au bout de quelques contractions inconfortables comme ça, je réalise qu’en fait… on y est ! Je comprends tout !! Des vagues de poussées (et non-plus de contractions)  contre lesquelles je venais de lutter, m’indiquent qu’en fait bébé est déjà au bout du chemin !!! Je n’avais pas réalisé tellement je n’ai pas souffert. Tellement ça avait été lent et doux. Tellement il y a eu relativement peu de contractions (sauf les quelques dernières). Je n’ai pas senti mon bébé descendre dans le dernier toboggan de sa vie initiale. Je réalise que probablement l’agitation ambiante ressentie comme désagréable était en lien avec la résolution du travail. Anastasia a sans doute senti la peur physiologique du réflexe d’éjection du bébé. Albane a sans doute senti qu’il fallait que Pierre et moi soyons seuls. Toujours est-il que spontanément je dis à Pierre : « Ne t’en va pas, tu vas rater l’arrivée de ton fils ». Je ne connaissais pourtant pas encore le sexe de l’enfant… Et autre pensée subite mais bien utile : le chasse-neige que préconisait la sage-femme pour ma première grossesse. D’une lucidité incroyable, sereine et fataliste, j’ai décidé de me mettre dans la position adéquate aux poussées spontanées (pour moi à quatre pattes genoux serrés, croupe bien relevée pour présenter la sortie au bébé), tout en expliquant à Pierre ce qui allait se passer. Oui, d’une lucidité absolue.

Une peur totalement attendue m’est passée dans le corps me signalant que j’étais encore plus prête (réflexe d’éjection du fœtus très utile aux mammifères pour que la fin s’accélère, pic de stress au cas où il faudrait rapidement se barrer face à un prédateur). Avez-vous déjà eu profondément peur en souriant ?! L’extase de l’accueil… Le dénouement de la rencontre devait passer par cette peur, le seul rendez-vous à l’aveugle où vous êtes sûre de rencontrer l’amour de votre vie ! J’attendais chaque poussée sans pousser (8 au total) et je rassurais le bébé entre deux, une larme d’émotion coulant à chaque soulagement. Son âme et son corps sont maintenant étroitement liés, incarné. Il a peut-être besoin d’être encourager… Pierre était calme mais impatient. On touche, on découvre quelque chose de gluant. Le placenta ? Non impossible, j’aurais saigné. Sa tête sûrement (on comprend après-coup que tout le vernix se retrouve à ce moment-là en casque sur sa tête ! Malin comme lubrifiant… J’ai d’ailleurs pu en conserver, excellent comme hydratant pour sa peau qui sèche avec le temps). Je ne crie pas, plutôt comme un râle tribal d’accompagnement. Comme si je savourais. Comme si Pierre et moi on concevait cet enfant. Pour souffler à chaque poussée, pour que bébé m’entende et que Pierre sache que je laisse encore faire. Il essaie de voir avec les doigts dans l’eau mais le toucher de cette zone m’est très désagréable lors du passage. Grrrrrrrr… Puis il a tenu la tête, déroulé le cordon (lâche) qui s’enroulait autour des épaules, attendu le reste du corps en voyant dans la pénombre son tout-petit dans l’eau. Une fois totalement libéré, j’ai lâché un souffle animal de soulagement pour réaliser qu’on l’avait fait (j’ai dû dire ça, d’ailleurs, et Pierre m’a félicitée et gratifiée) ! On s’inquiète souvent des cris et du sang liés à l’accouchement, des gens de notre entourage étaient même inquiets pour nos filles présentes: il n’y a eu aucun cri, pas une goutte de sang, bébé était naturellement rincé par l’eau du bain.

Comme le silence jusqu’à la délivrance inclue avait été une des rares consignes que j’avais laissées à ma tribu, il n’y a pas eu d’autre échange verbal. J’avais lu que le maintien dans la bulle était primordial car à ce stade, rien n’est terminé. Au contraire, ça commence… Le risque hémorragique accroît si justement la mère se déconnecte de son corps qui doit encore donner. Je me suis donc assise sur mes jambes en épargnant le cordon. Bébé ne bougeait pas et était pâle, Pierre me l’a tendu comme le lionceau dans le Roi Lion. Pas une seconde nous avons paniqué. Nous étions prêts même à l’accueillir mort cet enfant (à cet instant, oui. Lire plus loin pourquoi et comment). Dans le présent. Dans l’inconnu qui se révélait. Sans même se regarder, nous avons créé le silence le plus accueillant possible. Je l’ai pris dans mes mains, posé sur mon ventre contre mon cœur, mis ma main contre son dos et j’ai fait littéralement exploser l’amour que j’avais dans ma poitrine, mon cœur au plus près de lui, sans parler, sans bouger. Juste en respirant, encore. Le souffle, c’est le rythme, la vie. Il sentait bon ! Il était tout chaud, tout propre (l’avantage du passage dans l’eau). La beauté absolue sans que mes yeux ne le regardent.

Quelques secondes après, toujours dans cette union intense des âmes, rare, à trois, j’ai entendu simplement ronfler. Il dormait… Probablement dans l’entre-deux mondes. Son secret détecté, il a ouvert un œil et pousser un petit cri très aigu. Il vivait ! Il a accepté d’atterrir définitivement dans son corps, ici et maintenant. Puis il a redormi…

Nous avons voulu qu’Anastasia le voit à ce moment, elle a respecté la consigne de silence et a exprimé une joie immense, et probablement un soulagement énorme. Sa maman et le bébé vivaient !!! Puis elle est retournée à son DVD de Cendrillon (pour l’occasion, l’hypnose par l’écran de télévision était juste obligatoire) avec des rayons de soleil dans ses yeux, son sourire et tout son corps ! Ouf…

Toujours dans ma bulle, j’ai souhaité sortir de l’eau pour accueillir le placenta. Bébé toujours relié au cordon, dans mes bras, je me verticalise sur mon lit, ce qui diminue l’attente et le risque hémorragique. Placenta, source de vie pour mon enfant. Il a suivi très vite (maximum 6 contractions de poussées). Cette fois je l’ai espéré, ce placenta. Je l’ai attendu (et non rechigné ni même ignoré comme précédemment) et je l’ai senti comme une caresse chaude venant adoucir et remercier mon périnée irrité. Cela signe la vraie fin de la grossesse, de l’accouchement. Nos corps ont ainsi rompu eux-mêmes le dernier lien physique entre le bébé et moi (et non pas un professionnel de santé qui coupe dans les minutes qui suivent le cordon !). Bébé était libre et moi aussi. Je t’aime mon enfant. Non, le placenta n’est pas juste un truc à vérifier qui finit aux déchets biologiques ou pire encore. C’est ce qui a maintenu en vie mon fils correctement jusqu’à là. C’est un luxe, il me semble important et honorable de remercier chaque partie de mon corps qui a su faire. D’ailleurs le cordon bat encore à ce moment là… Preuve que bébé est encore en lien, comme perfusé, pour l’assister à respirer et lui fournir tous les bons éléments prévus rien que pour lui, jusqu’au bout.

Tiens au fait, et si on regardait ton sexe pour t’offrir un prénom (une bonne heure après ton arrivée) ? J’ai un fils… Comme un vœu exaucé. Je suis donc capable d’aimer et d’accueillir le masculin, fin d’une peur transgénérationnelle. Bienvenue Nicolas, bravo pour ton courage, merci pour ton calme…

Anastasia est conviée par Pierre pour clamper le cordon qui me gêne un peu parce qu’il est très froid maintenant (il ne bat plus donc devient inutile). Avec une ficelle pour que ça soit doux et plat sur le ventre de Nicolas (mieux qu’un clamp en plastique !), ils agissent minutieusement pour clamper le cordon puis Pierre coupe avec une paire de ciseaux désinfecté. Je rassure encore les inquiets, pas une goutte de sang puisqu’il ne bat plus ! Bébé est détaché de son placenta. Sans aucun autre soin, le cordon (assez long justement) tombera trois jours plus tard. Impeccable. Le placenta est vérifié par Nathalie qui nous a fait l’honneur de nous rejoindre. Je ne souhaitais pas que ça soit Pierre qui le fasse. Il est pourtant hyper intéressé quand elle lui fait découvrir le rôle de cet organe provisoire. Mon placenta est énorme (oui, cette fois on voit du sang, comme tous les mois chez une femme, non ?) ! On le met au frigo, demain j’en ferai l’empreinte papier pour obtenir l’Arbre de Vie de Nicolas. En attendant le rituel de son retour à la Terre…

Entre temps, Nicolas cherche le sein. Il a beaucoup de force dans les bras et le haut du corps mais je sens qu’il peine à pousser avec ses pieds, trop ankylosés d’avoir été si longuement comprimés. Alors je soutiens son bassin et l’aide à accéder au sein. Champion, il tète efficacement directement. Quelle beauté, que la vie est bien faite ! Ce bébé est bien rond, sa peau est magnifique. Quelle récompense de le voir si paisible ! On le pèsera à 4,2kg. Bon…

Aucune hémorragie, un saignement franc qui cesse rapidement (vérification des serviettes hygiéniques). Pas de déchirure, pas d’hémorroïde. Je prends une douche dès que Nicolas s’endort. Puis je le prends en peau à peau et nous ne nous habillerons pour la première fois que pour cette satanée visite médicale à J6. Des tranchées très douloureuses les 4 jours suivants l’accouchement (quel nom horrible pour un phénomène pourtant si utile, qui ressert le corps, l’utérus pour tout remettre en place), soulagées par la position totalement allongée + bouillotte en bas du dos + paracetamol avant les tétées. Fin des saignements après 6 jours. Montée de lait très peu douloureuse à J3, tout en douceur comme le reste. C’est fou comme le temps s’est distendu, comme pour me permettre de savourer, de tout sentir, d’offrir de l’espace pour que Nicolas fasse ce qu’il a à vivre.

Mon récit est long mais en réalité, ramené à l’échelle d’une vie, ces moments extraordinaires n’ont duré qu’un instant, déjà nos deux corps sont distincts. En un clin d’œil, tout change, l’enfant est né. Il y a maintenant à vivre un “avant” et un “après”. Ce n’est pas simple en fait… Quelques éléments doivent être précisés pour comprendre le contexte particulier de cette naissance. Comment on en arrive à cette situation ? Comment on se prépare ?

JUSTE UN PEU AVANT TA NAISSANCE, DES PETITS MIRACLES !

La grossesse se terminera par un conte de fée avec l’arrivée de Camille dans mon paysage (je souligne l’utilité des réseaux sociaux : Facebook→ Souffle des Mets → Voyages sonores de Nicolas → Camille et ses Whatsapp bienfaiteurs).

Petit retour en arrière. Après avoir crié sans écho ma douleur, mes peurs, mes colères et mes dégoûts (voir encore plus loin pour comprendre pourquoi), je ne peux me résoudre à la fin du huitième mois à imaginer la solitude autour de cette naissance. Je rêve d’une femme pour sa force et sa tendresse. Pour son savoir-être. Aucune de celles à qui je pensais ne peut répondre présente. Les peurs de chacune ressortent… Finalement je pense à cette fameuse Camille qui m’avait dit un jour dans la rue qu’elle avait « plein de trucs » pour moi. Je la contacte donc abattue, dans la crainte d’un refus supplémentaire. Tout au contraire, elle me dit être honorée de pouvoir m’accompagner lors de cet accouchement. Et me parle d’accompagnement, de cadeaux, de cocon, de veiller sur mes enfants, de confiance, de me chouchouter, de gâteau au chocolat… Je n’ose à peine y croire. Pourtant je suis inondée de sa douceur, de chansons, d’images, de textes, de belles paroles, de musique, de mantras, d’accent et de mots espagnols, de petits cadeaux et grands services… Matin, midi et soir, une pensée partagée de Camille ! Encouragement, tendresse, amour pour l’enfant et la beauté de la grossesse, rêves, espoir, douce réalité aussi avec son expérience de l’accompagnement de la femme et de la fin de vie…

Alors je commence la reconstruction de la confiance en l’autre, je me sens désormais capable de m’isoler dans ma bulle le moment venu puisqu’un ange veillera sur ma tribu. Je blinde ma chambre des messages importants pour renforcer la confiance en ce qui va se passer. Je me libère, je me prépare. Je suis soutenue et même admirée ! Guidée. Enfin…

Camille a rempli ma vie de femmes, partout dans le monde, veillant sur la naissance humaine. Je suis heureuse de lui avoir fait une grande place dans ma vie. Si vite, si fort.

Véronique me dit un jour « mais tu n’es pas seule, Catherine » face à mon sentiment d’abandon, j’ai eu la chance alors de réaliser alors qu’il y avait d’autres femmes… Je savais pour toutes celles de la Terre qui accouchent naturellement. Je savais pour ma Lignée, dans leur absence concrète et affective je leur étais cependant reconnaissante. Je savais pour les guides de l’âme du bébé, il suffisait de laisser venir l’aide des miens (!). Marie, femme symbole universel. Renforcer la femme en moi. Entraide et réseaux. Camille et ses bougies… Au moment de l’accouchement, je sentais la force et la présence d’une ronde de 500 femmes autour de nous. Waouhhhh!

Qu’il me soit possible ici d’écrire à tout jamais ma reconnaissance pour cette jeune femme, qu’elle prenne conscience du déclenchement de sérénité dont elle est la créatrice. Merci belle Camille !

ET AU TOUT DÉBUT DE L’AVENTURE, UN BOULEVERSEMENT…

Juste après la naissance Augustine, accouchement à domicile avec Élisabeth la sage-femme, j’ai eu cette euphorie de vouloir quasiment immédiatement recommencer. Comment vivre normalement après avoir vécu un événement pareil?! Avoir goûté à cette perfection de l’instant, à cette performance… Puis une belle dépression post-partum s’empara de moi et voilà l’idée d’un autre enfant oubliée. Pour finir de l’enterrer, la raison faisait que Pierre estimait avec évidence la situation familiale comme déjà bien extravagante / satisfaisante.

Mais mon corps, boulimique, ne cessait de vouloir s’emplir les mois qui suivaient et j’ai compris grâce à Vincent l’ostéopathe qu’il cherchait à combler encore un vide… Encore la souffrance de l’avortement initial ? Envie de me surpasser encore lors d’un accouchement ? Frustration d’un allaitement trop court, d’un portage peu apprécié par Augustine ? Besoin d’assouvir un équilibre familial encore différent (notamment différent de mon schéma familial personnel) ? La question devait être posée, à Pierre et à moi. La réponse me fût claire, l’idée germa dans son esprit et nous ne tardons plus à désirer ardemment ce troisième enfant. Enfin un bébé dans le lien du mariage ! Et une première pour Pierre, un troisième de fratrie…

Tu ne tardes pas à nous choisir comme parents, quelle chance nous avons ! Probablement, en décembre 2017 chez Marcon tu nous rends déjà visite. En tout cas, je sens une grossesse imminente. L’envie et la magie sont déjà là pour Pierre et moi ! Tu t’incarnes dès Février 2018. Il sera d’ailleurs question du 9 théoriquement, jour d’anniversaire de Mamie. Je suis certaine cette fois d’avoir senti la puissance du jour de la fécondation et je me souviens du moment de joie partagée avec mon mari pendant l’amour… Et contrairement à ce que beaucoup de gens autour de nous aurons exprimé durant cette période (!!! « dans vos conditions de vie, je n’aurais pas fait de troisième enfant » ou « encore, quelle idée ?! » ou « vous allez vous arrêter là, hein?!! » ou des éternels « dans le monde dans lequel on vit, quelle folie… »), nous t’avons espéré dans l’envie, dans la joie, en pleine conscience partagée. Ton Papa en témoigne aussi dans son texte afin de faire taire les mauvaises langues…

***

Que cette grossesse a été éprouvante !! Elle a été une véritable aventure où notre couple a été mis à l’épreuve. Nous avons eu à faire face à l’acceptation, à l’abandon, au silence, à la peur, aux incertitudes, à la mort, à des choix très personnels… Céder ou tenter d’en sortir grandis ? Dire que j’avais hâte que ça se termine serait erroné car j’ai pris tout cela comme une épreuve que j’étais probablement capable de traverser. Un chemin tracé vers le changement dont j’avais besoin. Pierre m’a suivie, fort de sa sagesse d’ignorance positive.

Nous sommes victimes d’une suspicion d’anomalie échographique révélée faux-positif. L’angoisse générée a pesé pendant la grossesse et pèse encore aujourd’hui.

Tout a commencé par une première échographie que je ne souhaitais pas vraiment… J’ai fait traîner (j’aurais dû m’écouter et abandonner l’idée de la faire). Le premier trimestre était placé sous le signe du dégoût et de la colère (relation mère / famille maternelle / enfance). Puis je ne trouvais pas d’échographe acceptant ma tribu et déjà j’étais chagrinée de devoir m’isoler de mes filles pour cette grossesse. Elisabeth me fit rencontrer Margarida, médecin extraordinaire. Me voilà donc acceptant la seule et unique échographie de la grossesse, en famille. Et le verdict: « Clarté nucale augmentée » sans aucun autre signe d’anomalie ! Oui ??! Et après, on fait quoi…?! Des tests supplémentaires plus ou moins invasifs nous sont fortement conseillés. Larmes, espoirs, anxiété, décision de vie ou de mort éventuelle sur le fœtus, incertitudes, menaces et risques… ???! La clarté nucale fait partie de ces récents examens statistiques qui peuvent mettre en évidence un problème (trisomie, malformations…). On peut alors entrer dans une quête poussée pour trouver où la statistique te mène. Souvent d’ailleurs vers une autre statistique. Ou refuser l’investigation pour accepter dans le calme ce qui est.

Quoiqu’il arrive, une évidence pour Pierre et moi, nous ne nous séparerions pas de cette âme qui avait choisi de s’incarner avec nous. Pas d’avortement, encore. Au contraire, trouver en nous (individus, couple et famille) la beauté d’accepter ce qui est. Faire sauter la barrière insupportable de la « normalité » (qu’est-ce que la trisomie ? qu’est un enfant normal ?!). Travailler pendant le reste de la grossesse pour accepter également la mort éventuelle, dans son plus noble accompagnement… Affronter ses propres angoisses. Prendre confiance en nous, en le bébé, en la Vie. N’ayant pas de suivi médical, c’est possible que bébé naisse avec une malformation, c’est possible aussi qu’il ne survive pas. Ce sont des choses qui ne se disent pas dans notre société puisque nous voulons tout contrôler. Mais c’est là. Et c’est bien réel. Ceci dit, c’est rare qu’une complication sérieuse survienne. Les femmes et les bébés savent quoi faire, instinctivement, naturellement. La naïveté de l’inconscience de la mort est confortable. Porter la vie avec la conscience de la mort est certainement une expérience des plus transcendantes. Vivre cette grossesse avec la conscience de la mort m’a fait encore plus réaliser les enjeux du paradigme médical de naissance, et, à quel point avec tous ses tests et suivis ce paradigme entretient une fausse garantie d’être protégé contre la mort. J’ai réalisé à quel point porter la vie avec la conscience de la mort me donne encore plus de pouvoir et d’autonomie dans mon processus. Je ne me sens pas redevable à qui que ce soit et je n’adhère pas à l’idée qu’un médecin ou une sage-femme pourrait déjouer la mort si elle devait arriver. Résultat, j’ai le sentiment de vivre une grossesse, et bientôt une naissance, réellement entre science et sacré. Je me sens actrice principale de mon expérience et c’est un sentiment extrêmement fort, et déroutant !

Donc à ce moment-là, nous faisons le choix de refuser tout examen supplémentaire pour ne pas mettre un éventuel nom de maladie avant un prénom à ce bébé. Pour ne pas avoir à entendre qu’il y a un risque. Pour ne pas se compliquer la vie davantage. Pour éloigner les sources de stress. Pour créer un cocon de temps, d’amour et de partage. Nous étions pleinement conscients de ce que cela impliquait. Nous l’étions avant cette mise en garde, d’ailleurs. Quand nous avons compris et accepté que du fait de notre “choix” (pas d’examen médical) nous serions seuls pour accoucher (le risque juridique menace le professionnel de santé qui ne s’aventure plus sans son bagage de tests et protocoles), il a fallu anticiper ce moment final. Il restait plusieurs mois de grossesse, c’est parfait. Ce “choix” initial impliquait la solitude lors de l’accouchement, nous n’avions pas choisi d’être seul à la base… que ça soit dit !

Les quelques rendez-vous ultérieurs avec des professionnels de santé « académiques » riment avec placenta prævia, position du bébé, poids du bébé, toxoplasmose, anémie, souffrance fœtale, mort in utero, hémorragie maternelle, trisomie, malformations, tests, examens, non-responsabilité, siège, prises de sang, prélèvement vaginal… Non, Madame, avec tous ces risques potentiels et statistiquement établis, vous n’êtes pas capable de vous en sortir seule. Vous êtes probablement inconsciente du danger qui vous menace. Nous pouvons par contre vous encadrer, vous sauver. N’ayez pas peur… PEUR !!! Peur, moi ? Avec tous ce dont vous me parlez là ? Comment ne pas avoir peur ?!

*** Ironie ***

Ah ça y est, j’ai trouvé : la seule piste est de réaliser que ces peurs ne sont pas les miennes, ce sont celles d’une société angoissée, hyper contrôlante et individualiste !!!! Va parler d’accoucher seul et sans examen médical à quelqu’un… Regarde sa peur immédiate, son incompréhension, les projections de ses propres angoisses (mort, souffrance) et voire même son jugement sur notre projet ! Je ne cherche pas à généraliser (il y avait sur notre chemin des oreilles plus ouvertes heureusement) mais c’est la réalité expérimentée. Pour ne pas attirer de nouvelles angoisses, il vaut mieux ne pas parler de tout ça… Que c’est triste ! Ne pas parler d’espoir, de vie, de nature humaine, de la naissance humaine, de nous… Nous nous sommes isolés par protection, ce qui a renforcé notre sentiment d’abandon. Nous regrettons que certaines personnes importantes pour nous n’aient pas su faire un pas vers nous, justement lorsque nous en avions besoin, justement quand des signes évidents de carence affective se manifestent. On s’est rendu compte que chaque foyer est bien ancré dans son quotidien, une forme d’individualisme qui nuit gravement à l’altruisme. N’oublions pas de demander des nouvelles de ceux qu’on apprécie ! N’ayons pas peur d’accompagner même ceux qui sont dans une situation qui nous effraie !

Alors en juin, je m’isole en partant un mois au grand air pour trouver des réponses en moi, lutter contre la peur et l’angoisse. Edith me materne comme j’en avais besoin… Mon enfant, ta clarté nucale, c’est juste un halo lumineux hyper puissant qui nous a ébloui lors de notre seule rencontre mécanisée (l’échographie initiale) et qui nous guide encore aujourd’hui ! Transformer l’angoisse en espoir. La solitude en sollicitude.

Nous ne sommes plus effectivement au Moyen Âge (donc les conditions dans notre pays sont bien meilleures !) mais nous n’en restons pas moins des humains (comme avant !) accouchant comme tous les autres mammifères… Nous avons connu l’abandon professionnel par peur juridique… Nous comprenons, aucun jugement de notre part. Juste le regret que notre société en soit arrivée là ! Alors à contre-courant, essuyant abandon sur abandon au point de ne plus en parler, nous avons décidé de vivre, tout simplement. Se consacrer à la beauté de ce qu’on avait à chaque moment, s’occuper des filles déjà là. Plus aucun suivi médical de grossesse (liberté) ! Ressentir les choses qui sont là, expérimenter d’autres manières de vivre la grossesse. Pas de rendez-vous multiples (chronophage,  fatiguant et polluants !), passer plus de temps avec les filles, toucher autrement son corps, se parler dans le couple plutôt qu’écouter passivement un professionnel de santé, se préparer à tout (donc lâcher-prise pour ne rien attendre), lire énormément comme pour connaître l’évidence de l’accouchement (l’enfantement commence dans l’amour et n’est pas une maladie !!!), ne rien coûter inutilement à la société, préparer son nid à sa manière… Parler de l’amour, de la mort… Ne bénéficier des avancées techniques et médicales qu’en cas de réel besoin (le Centre Hospitalier est à 10 minutes de chez nous) et non plus en première intention. Se rassurer en sachant que notre domicile est sécuritaire et se convaincre qu’on trouverait toujours de l’aide au moment nécessaire. Ainsi être actif dans une société qui pousse à la passivité. Développer un réseau d’aide en cas d’urgence, ce qui pousse à s’organiser, solliciter, sortir de l’isolement confortable et de l’individualisme. Lutter contre la sensation d’abandon pour la transformer en liberté d’action. Réfléchir à notre place d’homme et de femme dans l’accouchement et se connecter à ce que notre corps sait naturellement faire. Accompagner au quotidien nos peurs, relatives aux croyances et savoirs sur l’accouchement (potentiel problème chez le bébé) pour les remplacer par de l’espoir et notre foi en la Vie. Lire énormément, se nourrir d’évidences et de témoignages, parler ensemble.

Merci à toutes les barrières rencontrées (et donc à ceux qui les ont involontairement placées), elles ont dessiné un chemin encore plus beau. Il « suffisait » de lâcher-prise !!!

***

Il suffisait… Mouais. Extrêmement dur de se sentir si seul dans notre univers. Surtout pour Pierre et moi, à la base pragmatiques, intellectuels et bien trop attentifs au regard de l’autre ! Alors je suis partie à la recherche de soutien inconnu et j’ai trouvé un MONDE, connecté au reste de la planète et pratiquant la naissance libre.

Pour ne citer qu’eux :

  • Camille l’accompagnatrice bonheur et sa toile de tisseuses.

  • Maria et ses messages (au-delà des questions éternelles que je me pose, j’ai toutes les réponses !, désir exprimé du sexe du bébé, accoucher quelque soit la position de bébé, rareté du placenta prævia dans son expérience d’accoucheuse…).

  • Véronique de l’Atelier, sa cuisine et sa voyance (c’est un garçon, il est sage, tu n’es pas seule, demande de l’aide à Marie… ).

  • Nathalie la Sage-femme (sa disponibilité, ses contacts, son état d’esprit serein quant à notre projet, un groupe Facebook où j’ai trouvé des témoignages sur l’accouchement non assisté et surtout la littérature adaptée).

  • Céline la Doula et ses mots (cœur à cœur, les cartes en main, le placenta est comme une caresse finale, avoir le choix, s’ouvrir à d’autres possibilités, communiquer avec Pierre, la tente rouge pour le lien à d’autres femmes encore…).

  • Margarida le Médecin échographe (l’annonce de la clarté avec tellement de bienveillance et de temps, vous aurez toujours de l’aide…).

  • Élisabeth la sage-femme (cheminement jusqu’à cette étape de ma vie)

  • Nicolas le masseur et ses voyages (mon bébé dans le ventre m’a dit: « merci Maman, merci”, une simple bougie qui a duré pile le temps de l’accouchement).

  • Vincent l’ostéopathe et son ancrage (ma féminité, accueil de la conception).

  • Béatrice la masseuse et ses doux conseils (les mois lunaires de la grossesse et les conseils qui en découlent).

  • Christophe le photographe (la beauté des faits révélée).

  • Les femmes inconnues (leurs pensées, leur flamme et prières pour nous)

  • Karine la sage-femme (quelques expressions empruntées ici pour témoigner)

ET MAINTENANT ?!

Pourquoi arrêter de respirer profondément ?

Pourquoi arrêter de croire ? Croire en soi !

S’é-mère-veiller encore…

Sourire…

Faire l’amour encore plus…

Le corps (l’âme) sait !

Ralentir le rythme pour savourer le temps présent, accueillir la beauté de ce qui est, même dans la difficulté…

Prendre le temps, tout arrive quand c’est le moment… Quel espace en fait ! C’est ça, être dans le présent… Être en confiance avec son corps, avec la vie, avec l’environnement, les choses se font.

Continuer d’avoir un mantra pour chaque objectif de la vie. Pour s’encourager régulièrement, se souvenir du départ… (rituels, musique, mots pour y parvenir).

Créer encore des liens, renforcer ceux qui existent, s’ouvrir aux rencontres…

Promouvoir la naissance libre afin de faire connaître ce choix aux autres familles. J’ai la sensation d’être pionnière dans quelque chose de pourtant si normal, biologiquement inscrit, vécu depuis tant d’années. Promouvoir l’accouchement écologique, économique et en lien avec le naturel comme une réponse à la crise mondiale créée par l’humanité.

Avoir toujours vécu dans le sentiment de peur (transmis, éprouvé), il fallait que je l’affronte et j’ai découvert que la peur pouvait être à côté de moi plutôt qu’en bataille continuelle (inscrite en moi). Je peux me débarrasser des conséquences de celles qui ne m’appartiennent pas. Je peux dompter celles qui sont nécessaires. Je peux aller au devant sans me laisser envahir, anticiper, trouver mes propres ressources et regarder d’autres options. Une leçon de vie que je me suis offerte et ai expérimenté (plutôt que pensé) à travers cet événement bouleversant que j’ai choisi d’assumer !

Pour notre part, notre base (la fratrie) est en place, il nous reste d’être un couple parental. Voir notre famille se construire, évoluer au quotidien et se nourrir chacun dans notre individualité pour mieux être ensemble.

Organiser une fête de la Vie. Je réalise qu’on n’a pas essayé de SAUVER la vie (refus des tests, refus de l’intervention mécanique) mais qu’on a souhaité l’ACCOMPAGNER jusqu’au bout, l’ACCEPTER quelle qu’elle soit. Et nous avons la chance (gratitude !) de pouvoir continuer aujourd’hui.

Pour moi, le deuil de la grossesse passe par l’acceptation que le corps du bébé est moins protégé que dans mon ventre. Que nous ne sommes plus un seul corps avec lequel je danse. Être habitée par le rythme sage de Nicolas pendant ces neuf mois, l’accueillir au cours du temps, me transformer pour qu’il grandisse et d’un seul coup, une forme de vide. Je suis une femme. Je suis heureuse de rendre hommage à mon corps, le remercier de tout ce qu’il a fait pour enfanter et l’aider à trouver l’équilibre de l’après.

Et un mois après l’accouchement, découvrir qu’il n’est pas aisé au quotidien de croire pleinement à la Vie quand on s’est tellement préparé au pire ! Il m’en faudra du temps « après » pour équilibrer le temps « avant » si intense… Et dans ma manière de vivre, si défaitiste initialement, je n’arrive pas facilement à croire que tout va bien. Dans ma tête, cette clarté nucale devrait se payer un jour, je ne peux certainement pas être si comblée gratuitement ! Alors il me faut apprendre à recevoir, à croire au bonheur durable, cueillir ce qui est à portée de main. C’est chouette comme programme !!

Mon mari a choisi de garder la majorité de ses congés pour cet événement. Il est donc très présent auprès de nous depuis l’accouchement et cela est très confortable ! Pas d’abandon… En effet, je peux ainsi entièrement vivre la Baby Moon, il est un relais auprès des filles. De son côté, il voit son nourrisson grandir, il resserre les liens avec les deux grandes et il prend sa place activement dans la nouvelle tribu de 5. Je découvre aussi, grâce à sa présence, des manières de mieux vivre le post-partum : être allongée sur le dos au maximum, pouvoir dormir à des moments de calme au rythme de bébé, se réchauffer le corps (boissons chaudes, bouillotte, cheminée, serrage du bassin pour indiquer au corps qu’il peut maintenant se refermer…). Des choses simples qui ne sont possibles que parce que tu es là, Pierre, merci !

Et encore à ce jour l’espoir de pouvoir entendre ma famille parler de tout ça librement, voire même lire un peu d’admiration dans leurs yeux…

L’HISTOIRE DE TON PRÉNOM, MON NICOLAS

Que ton prénom a déjà résonné dans ma vie ! Il m’a suivie à plusieurs reprises comme si je devais le cristalliser pour toi, maintenant.

Puisque pour cette grossesse j’ai décidé d’aller à la rencontre de nos rêves comme témoignage possible d’une communication entre nous, une nuit j’ai reçu celui-là : le mot ONYX avec des lettres grosses, vives, solides et noires m’est apparu. Dans le rêve, c’était évident. À mon réveil, je réalisai que ce mot était un mot qui existe vraiment mais dont je ne connaissais pas du tout le sens ! Comme c’était une période où je demandais un indice sur ton sexe (j’ai d’ailleurs reçu beaucoup de Y aussi), j’ai d’abord cherché dans ce sens. Je découvre alors que l’onyx est une pierre (Pierre !) précieuse. Wouah ! De la famille des Agathes. Ah… Agathe serait donc ton prénom féminin ? Donc tu serais une fille ? Il y a des garçons Onyx qui se nomment ainsi en Grèce notamment. Je propose donc ce prénom à Papa. Mais c’est quand même très étrange.

Puis ça a tourné dans ma tête. Pierre d’ancrage, je suis alors en contact avec ta force apparente. Ça me plaît !

Dans la mythologie, je découvre qu’il s’agit d’une coupure d’ongle de Vénus tombée sur Terre et qui a donné ses rayures laiteuses à la roche noire. La pharmacienne hélènophile que je suis pense alors à la racine « Onycho » en rapport avec l’ongle justement. Et à force, de « Onycho » je passe d’un coup à Ô Nico. Nicolas… Nicolas Tatzber… Je propose à nouveau à Papa. La graine était posée, elle a germé chez nous deux et ne nous a jamais plus quittés. Ce prénom nous est doux et on l’associe à des hommes profondément gentils et charmants. Il a résisté au temps de la grossesse pour être le seul à finir la course (initialement nous voulions inclure les racines des prénoms de tes grands-parents paternels comme hommage).

Nicolas, la victoire du peuple… Beauté !

MERCI !

Pierre, mon parfait compagnon de la belle galère… Je t’offre ENFIN une première fois !

Anastasia et Augustine, espérant vous avoir simplement transmis l’évidence de l’accouchement pour la femme que vous serez…

Camille et Maria, femmes de vie, pour l’amour vrai partagé et pour avoir injecté la confiance en moi…

Nathalie, pour ta joie de vivre et ton implication…

Le Souffle des Mets, pour votre foi et vos dons…

Béatrice, pour ton soutien physique…

Mamie et Mémé Juju, pour vos expériences de vie et votre générosité de cœur…

Margarida, pour votre guidage…

Vincent, pour le déclenchement…

Nicolas et Christophe, pour l’espoir et la beauté…

Céline, Danièle et Élisabeth, pour votre courage…

Monique, pour ton accueil…

Les gardiens de Granit qui me manque dans cette histoire…

Ceux qui ont cru en nous, ceux qui ont juste pensé à demander de nos nouvelles de temps à autre, et ceux qui n’ont rien fait / dit de soutenant mais qu’on aime quand même…

Enfin Nicolas, mon Amour, Fils et Frère de ma famille…

Merci pour ta sagesse, ton savoir (ça-voir), ta patience, ton courage et ton instinct, ta force tranquille, ton endurance et ta confiance.

Merci de nous avoir choisis et renforcés.

Catherine

Décembre 2018 / Janvier 2019

Pour d’autres détails, discussion, partage, littérature, photos, vidéos, musiques… : catmathelet@yahoo.fr